
École publique, pourquoi s’en priver ?
En créant l’École du Palais à Aix-la-Chapelle, Charlemagne s’est vu attribuer l’invention de l’école dans l’imaginaire collectif. Pourtant, les Gallo-romains avaient déjà mis en place un réseau d’écoles que reprendront notamment le clergé et le pouvoir royal dans les siècles à venir pour former les bases de l’éducation populaire. S’il n’était qu’un nom à retenir, ce serait toutefois celui de Jules Ferry qui, à la fin du XIXème siècle, rend l’école laïque, obligatoire et gratuite. L’école publique devient alors l’école de tous les publics.
Si vous n’êtes pas adepte de l’école buissonnière pour vos enfants, l’annuaire vous aide alors à trouver l’école publique la plus proche de chez vous. Et parce que l’école n’est pas une institution figée, il arrive au gouvernement de lancer des concertations nationales, à l’image de celle récente du Ministère de l’Éducation Nationale, ayant pour but de refonder l’école de la République. Si l’école publique représente deux cycles de vie chez les enfants et adolescents, elle est souvent mise en opposition avec l’école privée. Retour virtuel sur les bancs de l’école…
Une passerelle sociale de l’âge enfant à l’âge adulte
Dans son livre, La reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement, le sociologue Pierre Bourdieu revient notamment sur le cycle scolaire qui a tendance à reproduire et encourager le système de classes sociales. Et effectivement, même si l’on cherche parfois à protéger les écoliers du monde extérieur, l’école en général, et l’école publique en particulier, n’est pas une bulle sociale. C’est au contraire une plateforme d’intégration, d’accompagnement et d’instruction soumise aux mêmes phénomènes sociaux et économiques qu’à l’extérieur. Plus de 12 millions d’élèves, soit 1/5 de la population française concernée ; c’est dire l’importance de l’institution… Près d’un million d’enseignants et de professionnels encadrent cette mission éducative.
L’école publique est répartie en deux structures. L’école élémentaire ou école primaire, celle des « écoliers » à proprement parler, qui accueille les enfants à partir de 6 ans. Et l’école secondaire qui regroupe les collèges et les lycées. Cette dernière n’est autre que l’école des « élèves » qui s’achève dans la majorité des cas, pour ceux qui vont jusqu’au bout de leur apprentissage, par l’obtention du baccalauréat.
L’école est profondément une affaire privée étalée publiquement
Mais si personne ne remet en cause l’utilité de l’école, le débat fait rage lorsqu’il est placé sur le terrain du public et du privé. Que l’on touche à l’école privée et la rue gronde comme en 1984 avec la manifestation géante organisée par le mouvement de l’École libre contre la loi Savary et le gouvernement de Pierre Mauroy. Pour de nombreux puristes Républicains dans l’âme, l’existence d’écoles privées est une sorte de dysfonctionnement de la société qui affiche pourtant l’égalité dans son triptyque républicain. On trouve cependant des défenseurs de l’existence d’écoles privées dans tous les camps politiques. Car personne ne souhaite sacrifier l’avenir de son enfant sur l’autel de l’école publique parfois défaillante.
Quand certaines classes ne peuvent plus remplir leurs missions éducatives dans de bonnes conditions, certains parents, même démunis, préfèrent se saigner aux quatre veines pour offrir le cadre idéal d’études et donc privé à leur progéniture. En attendant que l’école publique se rapproche de l’idéal républicain, le privé a encore de beaux jours devant lui.
Par Régis Taranto