Pôle emploi : La bonne adresse de l’emploi ?
Pôle Emploi, une adresse mythique où l’on ne rêve d’envoyer que ses meilleurs ennemis (et que l’annuaire inversé recense cependant jusque dans ses plus petites agences).
UN ORGANISME REORGANISE
Petit récapitulatif à l’usage des étourdis qui n’ont pas suivi jour après jour la décision présidentielle de fusionner l’antique Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et les Assedic. C’est le 19 décembre 2008 que ces deux organismes d’Etat se sont fondus l’un dans l’autre pour donner ce que l’on appelle aujourd’hui Pôle Emploi. Pôle Emploi, c’est là que l’on est censé trouver un nouveau départ professionnel, un accueil réconfortant après le trauma du licenciement, de quoi croire de nouveau en sa bonne étoile.
Pourtant, dans les faits, le rendez-vous avec cet Etablissement public à caractère administratif (EPA) n’est pas de tout repos, le personnel qui y travaille étant lui-même sur un siège éjectable. En effet, et autant le savoir, la vie intérieure de Pôle Emploi est elle aussi faite de paradoxes comme celui qui, en 2009, a consisté à annoncer la création de 1 800 emplois pour assurer le suivi des dossiers et, un peu plus d’un an plus tard, à supprimer ces mêmes 1 800 postes… C’est donc dans cet environnement peu sécurisant qu’il appartient à chacun de mener sa barque pour se refaire une santé sociale.
Et puisque c’est maintenant cet organisme qui est également chargé de verser ses indemnités à chaque demandeur d’emploi, il faut s’armer de patience et de ténacité pour entreprendre ce difficile parcours du combattant qui est de trouver un nouveau job.
AVOIR LES NERFS SOLIDES
Premier contact, le numéro de téléphone : 3949. C’est le sésame pour accéder à vos droits, un appel téléphonique (gratuit à partir d’une téléphone fixe seulement) supposé ouvrir la voie vers un nouvel emploi. Les temps d’attente sont longs, les incompréhensions et les malentendus courants, les coupures de ligne tout autant, et les interlocuteurs aussi divers qu’invisibles.
En revanche, côté services informatisés, les infos sont pléthoriques et l’on peut, 24 heures sur 24, consulter à loisir son dossier sur son ordinateur, si l’on en a un. Sinon, tant pis. Les probabilités sont minces de trouver un emploi au bout du clic, mais au moins, aucun des innombrables conseils et lettres d’information de Pôle Emploi ne sont épargnés.
Bref, Pôle Emploi est une énorme machine déshumanisée et l’on ne compte plus sur Internet les blogs rageurs, les réactions épidermiques, les coups de gueules excédés d’usagers aux abois qui ne se heurtent qu’à des répondeurs téléphoniques. Faute de proposer des postes, Pôle Emploi propose des modes d’emploi pour en trouver et peut-être que le fait de savoir cela est déjà un premier pas vers l’indépendance nécessaire à une recherche d’emploi efficace loin de cet organisme qui semble tourner à vide.
POLE EMPLOI VU PAR POLE EMPLOI
Il suffit de faire un petit tour sur le site officiel pour se perdre dans une littérature dont on se demande si elle ne frôle pas parfois l’autosatisfaction quand on sait qu’en fin de compte, ce sont souvent des associations qui, concrètement, assurent une mission efficace auprès des chômeurs. Pôle Emploi affiche des chiffres, des initiatives, des résultats, des actions, des slogans, « enrichit l’offre de services », « favorise l’égalité des chances », brandit des millions « d’entretiens conseils », revendique une « simplification » de l’offre de services, décortique le marché du travail, s’enorgueillit de millions de visites mensuelles sur son site comme s’il s’agissait d’une victoire contre les dossiers en souffrance.
Au final, cet organisme, qui ne satisfait pas vraiment grand-monde, est surtout perçu par le public comme une machine à réduire les statistiques par tous les moyens, fussent-ils un peu artificiels, et non comme une aide réelle pour se recaser sur le marché du travail.
Par Soizic Tretout