Annuaire Inverse France a répertorié 4.878 numéros de téléphone répartis sur 718 professions pour le 10eme arrondissement de Paris.
Ce quartier est bien sûr celui où trônent deux gares, celle de l'Est et celle du Nord, à contacter par le biais de l'annuaire inversé, quand l'urgence se fait sentir de sauter dans un train.
Pendant longtemps, cet arrondissement ne fut pas très glamour. Les voyageurs y trouvaient surtout un point de chute dans les nombreux petits hôtels et restaurants qui étaient à portée de main en sortant de la Gare de l'Est et de la Gare du Nord, mais ce n'est pas vraiment le lieu de grandes migrations touristiques.
Comme la plupart des gares, ces deux-là ont deux visages. Il y a en effet une grande différence entre ce périple obligé, biquotidien et harassant qui est de sauter dans un train de banlieue pour rejoindre son lieu de travail à des heures où tout le monde est tenu d'en faire autant, et cette petite fête buissonnière qui consiste à quitter les frontières hexagonales. La Gare du Nord, c'est l'Eurostar et Le Thalys, une sorte de résidence secondaire fréquentée par des hommes d'affaires qui entretiennent des relations fusionnelles avec leur ordinateur portable, mais c'est aussi le premier pas pour de petites escapades vers Bruxelles, Amsterdam, Liège ou Londres. La raison d'être de la Gare de l'Est est quasiment la même, mais elle a cette aura particulière que lui confère sa longue histoire avec ce qui fut le mythique Orient-Express, aujourd'hui rebaptisé Venice-Simplon-Orient-Express, qui survécu tant bien que mal à l'histoire chaotique de l'Europe. Il est, aujourd'hui encore, égal à lui-même, élégantissime et rétro, refusant d'afficher des records de vitesse pour rejoindre Venise, Budapest, Bucarest et Istanbul.
Quoi qu'il en soit, ce quartier traversé par un tronçon du canal Saint-Martin a repris du poil de la bête il y a quelques années, quand de nouvelles populations un brin artistes, un brin bobo s'y installèrent. Le charme de l'endroit est en effet très particulier, et c'est tout le vieux Paris qui resurgit depuis.
Trois hôpitaux, quelques passages, de belles églises, deux marchés couverts font partie du paysage, et aussi une curieuse façade rue du Château-d'Eau, la maison la plus étroite de la capitale, un peu plus d'un mètre de large, un étage, 5 mètres de haut, à peine plus envahissante qu'une cabine France Télécom.
Mais ce sont les passionnés de jazz (0145235141) qui ont leur temple ici. Rue des Petites-Ecuries, à la place de l'ancienne imprimerie du « Parisien Libéré », quand fut révolue l'âge d'or de l'édition de journaux, presse et magazines, la musique a pris le relais dans cette belle salle où les musiciens de jazz les plus fabuleux se relaient pour enchanter les nuits du quartier.
Autres stars des nuits du 10e, le Théâtre Antoine ou celui de la Porte-Saint-Martin, où des programmations classiques alternent avec des pièces plus contemporaines.
Par Soizic Tretout
Publié le 05/12/2011